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de sa maladie, et que je n’avais jamais eu la pensée d’accuser sa vertu.

Je lui dis comment je m’étais engagée au secret près de mon père ; alors elle m’avoua qu’Alfred la tourmentait depuis longtemps, mais qu’elle rendait justice à ses sentiments, qu’ils étaient aussi coupables pour elle que respectueux pour moi.

— Son tort, ajouta-t-elle, est d’autant plus grave, mademoiselle, que c’est vous seule qu’il aime, et qu’il n’a voulu me perdre que pour satisfaire un caprice. Que deviendrai-je à présent ? moi qui n’avais au monde qu’une réputation digne du nom que me donna votre mère ! Ah ! malheureuse que je suis, pourquoi lui ai-je survécu !

J’eus bien de la peine à ramener l’esprit de Suzette à des pensées moins tristes ; cependant, celle de n’avoir rien perdu dans mon estime, lui rendit quelque espérance de bonheur. Je la quittai plus calme et lui promis de venir souvent la revoir.

Cet entretien me convainquit de l’innocence de Suzette ; et je me sus bon gré de ne l’avoir jamais soup-