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monde nouveau où tu vas vivre, un jeune homme assez heureux pour t’intéresser ; ne m’en fais pas mystère. Tu vas être entourée d’adorateurs ; je veux connaître tous tes succès ; songe que dans ma retraite je n’aurai d’autre plaisir que le récit des tiens.

Je la remerciai des expressions touchantes de son amitié, mais ce peu de mots fit sur mon esprit une profonde impression. Jusqu’alors je n’avais vu dans mon changement de situation que le plaisir de sortir d’une retraite dont la vie monotone était peu de mon goût, pour aller passer mes jours auprès d’un père uniquement occupé du soin de mon bonheur, et ce bonheur, l’Opéra, le bal et les parties de campagne me paraissaient devoir le composer tout entier ; je n’imaginais rien de mieux, quand Eugénie vint me découvrir que j’y pouvais ajouter le désir de plaire, la certitude d’être aimée et le plaisir de faire un choix. Cette nouvelle idée domina bientôt toutes les autres, et j’étais à peine arrivée chez mon père que je cherchais déjà en faveur de qui je me déciderais.