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l’enlever à sa famille pour le traîner en criminel dans un cachot ; et, depuis ce moment, le délire s’empara complètement de son esprit ; il passa la nuit dans un tel égarement qu’il demandait à grands cris son fils pour le tuer, disait-il, et le sauver de la honte d’hériter du déshonneur de son père.

» Ses affreux transports se calmèrent vers le matin ; il parut vouloir s’assoupir, et je profitai de ce moment pour aller donner l’ordre de courir après un médecin des environs dont on vantait le talent, et, craignant qu’il hésitât à tout quitter pour se rendre au château, je voulus lui écrire moi-même l’état alarmant où se trouvait M. de Clarencey. Fatale prévoyance ! À peine eus-je fermé ce billet qu’un bruit affreux se fit entendre. Je courus éperdue dans la chambre de mon frère. Je ne vous peindrai pas l’affreux tableau qui frappa mes yeux.

» Dans mon trouble et ma douleur, j’eus assez de présence d’esprit pour en éviter le spectacle à mon neveu, mais il fut impossible de lui en garder le secret, et il sut bientôt que son malheureux père avait mis fin lui-