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jets les plus insensés. Eugénie en recevait la confidence avec un air d’incrédulité qui m’offensait souvent. Je ne concevais pas qu’on osât douter des résolutions d’une personne dont le caractère était aussi soutenu dans ses goûts que dans ses sentiments. Eugénie, plus âgée et moins exagérée que moi, voyait plus juste et réfléchissait mieux ; mais son estime allait jusqu’à l’admiration pour ce qu’elle appelait un grand caractère. Je lui avais souvent entendu répéter qu’il y avait une insigne lâcheté à abandonner son opinion ou à céder sa volonté quand on était persuadé de la bonté de l’une et l’autre, et sans examiner si ce précepte, bon à suivre dans l’âge où l’expérience et la raison ont assuré le jugement, ne pouvait pas conduire un jeune esprit droit à l’entêtement, je pensais comme elle, qu’en écoutant les avis de sa conscience et de son cœur, on ne pouvait jamais se tromper.

La veille de notre séparation elle me fit promettre de lui écrire souvent et avec la même confiance que je lui avais toujours témoignée.

— Surtout, me dit-elle, si tu rencontres dans ce