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était ravi du changement qui s’était opéré en moi, pendant les trois années qu’il venait de passer en Allemagne ! Ne cessant de répéter : — Ô ma chère Léonie, je crois revoir ta mère. Il m’apprit que j’étais jolie ; j’en fus charmée, mais par la seule idée de lui plaire davantage. J’avais lu qu’il entrait toujours un peu de vanité dans l’amour paternel, qu’il fallait être mère pour aimer également l’enfant disgracié de la nature, et celui qu’elle avait paré de tous ses dons, et je me trouvais heureuse de n’avoir point à craindre d’être chérie faiblement. Affligée d’une imagination vive et passionnée, dédaignant tous les intérêts médiocres, je n’ai jamais pu supporter l’idée d’en inspirer de ce genre. Je voulais être des plus distinguées, ou complétement ignorée : adorée ou indifférente, voilà tout le secret des chagrins de ma vie.

Après avoir répondu à une foule de questions, mon père nous apprit comment il avait obtenu son rappel du roi, la manière gracieuse dont il l’avait reçu au retour de son ambassade et le présent honorable qu’il venait de lui accorder pour prix de ses services.