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ont été la cause, et le moyen qu’une ingénieuse tendresse fournit à mon père, pour assurer le bonheur de ma vie.

J’avais seize ans lorsque la tourière du couvent où j’étais élevée depuis mon enfance, vint me dire avec cet empressement qu’ont toujours les vieilles femmes d’apprendre une nouvelle quelconque :

— Accourez donc, mademoiselle Léonie ; n’entendez-vous pas qu’on ouvre la grande grille ? c’est M. de Montbreuse qui arrive. J’ai reconnu sa livrée, son ancien cocher, et je suis vite accourue pour vous dire d’arranger un peu vos cheveux, de renouer votre…

— C’est mon père ! m’écriai-je.

Et sans écouter davantage le bavardage de cette bonne sœur, je courus de toutes mes forces au parloir, renversant les tables qui se trouvaient sur mon passage, accrochant ma robe à chaque porte, ayant perdu au milieu de l’escalier le peigne qui retenait mes cheveux ; j’arrivai près de mon père dans un désordre que l’excès de ma joie pouvait seul excuser. Avec quelle tendresse il me serra dans ses bras ! Combien il