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Cependant quelques sages, revenus des idées qui soumettent trop souvent les intérêts les plus chers à des vanités despotiques, avaient bravé l’autorité de madame Voldec en restant les seuls guides de leurs femmes ou de leurs enfants. Le duc de Lisieux avait été de ce nombre, persuadé qu’une femme bien élevée, et dirigée par un mari qui connaît le monde, n’a pas besoin d’autre patronage ; il s’était réservé le droit de protéger la sienne, et l’expérience avait justifié cet excès d’audace ; mais si son rang et son âge l’avaient fait pardonner, sa mort livrait sa jeune veuve à toute la rigueur d’un usage que les courtisans de madame de Voldec érigeaient en sévère loi.

Plusieurs de ces officieux, toujours prêts à rendre des services inutiles, parlèrent à la baronne d’Ostange, de la nécessité d’acquérir à sa nièce la bienveillance de madame de Voldec par quelques avances, qui prouveraient le désir de se lier avec elle. La baronne, effrayée de tout ce qui menaçait Mathilde si elle paraissait dédaigner ou redouter l’amitié de madame de Voldec, l’engagea à une démarche d’où pouvait déprendre sa tranquillité. Mais Mathilde répondit à toutes ses instances à ce sujet :

— Mon mari n’aimait point madame de Voldec, et comme la raison réglait tous ses sentiments, je les ai adoptés. C’est ainsi qu’il me guide encore.

Madame de Voldec sut bientôt la résistance que Mathilde opposait à la volonté de ses amis, dès-lors