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attirait souvent le prince vers Mathilde ; il lui faisait part avec confiance des sentiments que rappelaient en lui un tableau, un air touchant ou quelque scène dramatique ; et sûr d’obtenir d’elle une réponse affectueuse ou spirituelle, il lui adressait souvent la parole. En fallait-il davantage pour établir qu’il lui rendait les soins les plus assidus, et qu’elle les accueillait avec reconnaissance ?

À dater de ce moment, les femmes qui avaient échoué dans l’entreprise de cette illustre consolation ne pardonnèrent point à Mathilde d’oser y prétendre ; elles l’accusèrent de prendre un air triste pour mieux le séduire ; et, traduisant en aveux ses moindres démarches, ses mots les plus insignifiants, elles finirent par légitimer à leurs propres yeux tout ce que leur ressentiment jaloux allait tenter contre elle.



X


La comtesse de Voldec n’était plus jeune, mais son rang, sa fortune, son esprit, et plus encore sa passion de plaire, lui attiraient assez d’hommages pour qu’elle se fît illusion sur les ravages du temps. Quoique maigre et boiteuse, un joli visage, une taille élégante, des yeux charmants, servaient de prétexte à ses agaceries. Elle avait pour principe que s’il fallait inquiéter pour