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ment l’attention de la duchesse : eh bien, conservons ces faibles avantages, pour être encore digne de son estime.

L’esprit généreux de Maurice tenta vainement de calmer le ressentiment d’Albéric, en cherchant à lui prouver que les dédains affectés de madame de Lisieux étaient plutôt un signe de faiblesse que de mépris.

— Non, reprit M. de Varèze, je suis le jouet de sa pitié chevaleresque ; elle croit de son honneur de venger sur moi l’outrage fait aux ridicules de ses amis, et c’est en punition de quelques méchantes plaisanteries que sa noble bonté médite charitablement le malheur de toute ma vie. Mais elle s’est trop pressée de montrer son triomphe ; si dans l’espoir d’un seul regard, d’un mot affectueux, je me suis traîné chez elle presque mourant, je n’aurai pas moins de courage pour la fuir à jamais.

En finissant ces mots, Albéric, dont la plaie venait de se rouvrir, se trouva mal ; il fallut le transporter dans son appartement : en le voyant revenir en cet état, ses gens le crurent en danger, et répandirent le bruit qu’il était à la mort par suite d’une imprudence.

Cependant le chirurgien, qui avait prédit cet accident sans pouvoir l’empêcher, rassura Maurice sur le danger de son ami, et lui répondit de la complète et prochaine guérison, si le colonel s’engageait à ne