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cela au sérieux ? ce serait jouer de malheur de ma part. Mais j’oublie que c’est encore une manière de s’amuser de la crédulité des gens simples. Ah ! je finirai par connaître toutes les ressources de l’art, à force d’observer les grands modèles.

Un regard dédaigneux ajoute encore à l’amertume de ces paroles. M. de Varèze reste confondu ; il voit Mathilde se lever pour passer dans le salon où Thérésia danse, au son du piano ; avec quelques jeunes personnes ; il n’a point la force de la suivre : l’espoir d’un doux accueil lui a fait braver sa souffrance, les preuves de mépris qu’il croit reconnaître à travers ce persiflage accablent son courage ; et se sentant prêt à succomber aux différentes douleurs qu’il éprouve, il fait un signe à Maurice, qui l’aide aussitôt à sortir du salon, et monte avec lui dans sa voiture.

Pendant ce temps, la marquise d’Erneville suppliait sa belle-sœur de parler à M. de Varèze du projet de mariage qu’elle méditait pour son neveu. Mais Mathilde, qui désirait fuir toutes les occasions de se rapprocher d’Albéric, fit comprendre à la marquise qu’il valait mieux qu’elle s’entendît elle-même avec lui sur ce grand intérêt, et elle ajouta :

— Je vais lui dire ce que vous attendez de son obligeance, et sans doute il s’empressera de vous promettre tout ce que vous désirez.

Alors madame de Lisieux rentra dans le salon où elle avait laissé Albéric ; et s’il avait pu voir l’expres-