même les reproches que son ami lui adresse sur son imprudence. Impatienté de lui parler en vain, Maurice s’adresse à madame de Lisieux :
— Si vous avez quelque pitié de lui, madame, par grâce renvoyez-le au plus vite, sinon…
— Il déraisonne ; ne l’écoutez pas, madame, je vous en conjure. Je me porte à merveille, et je n’aurais aucun souvenir de cette légère souffrance, si je pouvais oublier jamais ce que je lui dois.
En disant ces mots, Albéric ne les croyait entendus que de Mathilde ; mais madame de Cérolle les releva en ajoutant :
— Il paraît qu’il y a toujours de grands profits attachés à un malheur de ce genre ; c’est au moins prouvé dans tous les romans : dès que le héros a le bras en écharpe, il devient irrésistible. Dites-nous-le franchement, en est-il ainsi dans le monde ?
— Ah ! si j’avais pensé à cela, reprit Albéric en plaisantant, je me serais bien gardé d’ôter la mienne.
— Vous n’avez pas besoin de recourir à ces petits moyens ; quand on a tant d’autres chances de succès…
Madame de Cérolle accompagna ces mots d’un regard malin ; puis, se tournant du côté de sa sœur, elle se mit à rire avec elle d’un air d’intelligence qui rappela Mathilde à toute son indignation. Elle vit dans l’audace de madame de Cérolle à plaisanter ainsi Albéric, la preuve de leur complicité et du défi dont elle était l’objet.