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Mathilde, ajouta la vicomtesse à voix basse ; et s’il se maintient tel que je l’ai vu l’autre soir, respectueux et presque tendre, j’ai peur qu’il ne gagne son pari contre madame de Cérolle.

— Quoi ! vous pensez que je serais l’objet d’un pareil manége ? répliqua la duchesse en conduisant sa cousine hors du cercle où l’on aurait pu les entendre.

— Ne vous animez pas ainsi, chère Mathilde, pour une chose qui n’est peut-être au fond qu’une plaisanterie ; vous savez qu’Albéric dit souvent des folies, qu’on se plaît à interpréter sérieusement. Je n’étais point chez madame de Cérolle quand on a parlé de vous, de votre obstination à rester veuve, et de l’inutilité de prétendre vous faire changer de résolution. Il paraît que M. de Varèze a souri de pitié en écoutant les oracles que chacun se croyait en droit de prononcer sur vos destins, et qu’il a laissé clairement entendre que s’il voulait s’en donner la peine…

À ce mot, la vicomtesse, voyant l’indignation qui se peignait dans les yeux de Mathilde, s’empressa d’ajouter :

— Au reste, madame de Cérolle s’est peut-être divertie à me faire un conte pour vous tourmenter un peu. Je la soupçonne d’avoir une grande prévention en faveur d’Albéric, et j’ai cru d’abord qu’elle voulait lui susciter une tracasserie pour en être la confidente ; mais j’avoue qu’en voyant l’autre soir M. de Varèze confirmer par son attitude ici tout ce que m’avait dit