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gente autorité d’une mère. Mathilde pensa qu’elle pourrait lui en donner l’idée, et elle pria sa tante de lui confier désormais Thérésia.

— Elle logera près de vous, dit-elle à la baronne, pour être plus à portée de vous donner ses soins. Guidée par vous, je dirigerai son esprit, ses talents, et lorsque vous en serez bien contente, je la mènerai au bal.

Pendant que Mathilde parlait ainsi, Thérésia, lisant dans les yeux de la baronne l’attendrissement que cette prière y faisait naître, sauta au cou de sa grand’mère pour la remercier, bien avant qu’elle eût consenti. Puis allant à chacune des personnes qui se trouvaient là, elle leur apprit la grande nouvelle qui comblait tous ses vœux, les seuls que ses quatorze ans aient encore osé faire.

Ainsi Mathilde se forgeait une chaîne de plus et de nouveaux devoirs pour l’arrêter, si le sentiment qu’elle tremblait de s’avouer menaçait de l’entraîner.

Le duel de M. de Varèze n’était déjà plus le sujet des conversations. On ne s’occupait que de l’évanouissement subit de miss Eveland chez l’ambassadrice d’Angleterre ; la cause n’en était point douteuse, puisqu’elle avait perdu connaissance en apprenant que M. de Varèze s’était battu.

— Elle en est folle, disait le jeune d’Erneville. Il y a longtemps que je m’en suis aperçu, et je ne pense pas qu’il dédaigne son amour ; elle est fort jolie, et c’est un des plus grands partis de l’Angleterre.