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service à me rendre ; eh bien, ce n’est pas tout à fait moi qui le réclame, mais je m’emploierai toujours de bon cœur pour les gens qui croient que je puis tout obtenir de votre amitié.

Mathilde ne répondit à cela qu’en embrassant sa tante, et celle-ci continua :

— Voilà ce dont il s’agit : le marquis d’Erneville avait un frère que vous n’avez point connu, pauvre comme un cadet de Normandie et prodigue comme un grand seigneur. Avec ces manières-là on laisse beaucoup de dettes, et ce fut l’unique héritage du jeune Rodolphe d’Erneville. Orphelin à douze ans, son oncle a pourvu à son éducation, et l’a placé depuis dans un régiment où son nom lui sert de fortune. Mais on voudrait lui en procurer une plus réelle, et l’on a formé le projet de lui faire faire un de ces mariages à la mode, où le titre d’un gentilhomme ruiné s’achète par la dot d’une riche bourgeoise. On a pensé à la fille de ce banquier qui donne de si beaux bals. Votre belle-sœur prétend que M. de Varèze a sur ce financier un empire absolu, tant il est heureux d’appeler mon ami un aide de camp du roi ; et comme le marquis fait profession de haïr Albéric, et de mépriser souverainement la classe où se trouve M. Ribet, il s’est adressé à moi pour vous engager à le servir dans cette négociation, ne voulant pas vous en parler avant de savoir s’il vous conviendrait de flatter la vanité de la famille Ribet par une visite de votre part… Mais