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en cela comme en tout. Cependant il avait offert à la baronne d’être son chevalier jusqu’à la fin de la journée, mais madame d’Ostange avait comblé ses vœux en le refusant : elle savait si bien éviter de gêner ou de déplaire !

Les femmes que la vieillesse effraie se seraient rassurées en voyant madame d’Ostange. C’était une de ces vieilles charmantes, dont les modèles se trouvent plutôt à Paris qu’ailleurs. Là, où la conversation est une sorte de plaisir national qui l’emporte sur tous les autres, une femme d’esprit vieillit sans perdre l’avantage le plus apprécié. Aussi la baronne affirmait-elle que le bonheur des femmes commençait à cinquante ans.

— À quarante, elles luttent encore, disait-elle en riant, et le combat n’est pas à leur avantage ; mais dès qu’elles ont mis de côté toutes prétentions romanesques, elles deviennent de véritables autorités qui décident du mérite des autres. Leurs jugements, exempts des préventions de la rivalité ou de l’envie, sont des arrêts, et comme toutes les puissances, on les ménage, on les flatte, et leur cour n’est jamais déserte ; si, à ce plaisir d’amour-propre elles veulent en joindre de plus doux, qu’elles s’entourent de jeunes et jolies personnes, qu’elles protégent leur bonheur, et elles retrouveront encore des émotions d’amour en les voyant aimer.

Avec un semblable caractère, madame d’Ostange, loin de gêner la gaieté des convives, sembla l’autoriser