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qui l’engageait à chanter avec elle ; plusieurs personnes passèrent alors dans le salon de musique, tandis que madame d’Ostange, le maréchal, la duchesse et M. de Lormier s’établirent à la table de whist. Alors M. de Varèze, sacrifiant le plaisir d’entendre la jolie voix de madame de Méran, vint s’asseoir auprès de Mathilde sous prétexte de prendre une leçon de ce jeu qu’il jouait beaucoup mieux qu’elle.



VI


Le whist terminé, on vint avertir que le souper était servi ; c’était une manière de prolonger la soirée, qui fut adoptée même par madame d’Ostange, car elle déplorait chaque jour la perte de cet ancien usage ; on ne riait, on n’avait d’esprit qu’à souper, prétendait-elle ; la coquetterie, la tendresse, les vieilles amitiés, tout y gagnait. Aucune affaire ennuyeuse ne venait déranger l’impression du regard, du mot qu’on avait obtenus. Enfin, c’était, à l’avis de la baronne, le plus amusant souvenir de sa jeunesse.

M. de Lormier fut le seul qui se retira ; il ne savait point résister à la séduction d’une table bien servie, et sa précieuse santé ne lui permettait de rien prendre après le dîner succulent qu’il faisait chaque jour ; il fuyait prudemment la tentation, et se faisait approuver