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sieux pour les sentiments graves, avait prédit à Maurice qu’elle épouserait le maréchal par suite de son système sur la manière de rester fidèle à un premier amour.

Maurice ne croyait point à cette prédiction, et pourtant le trouble que l’arrivée du maréchal venait de causer à Mathilde lui parut cacher quelque mystère ; il l’aurait facilement éclairci en écoutant ce que ce dernier dit de la présence d’Albéric, et les observations malignes qu’il fit à la duchesse sur sa complaisance à recevoir les gens dont elle blâmait si hautement les défauts ; mais s’étant vu forcé de lui céder sa place auprès de madame de Lisieux, Maurice venait de se rapprocher d’Albéric, et tous deux, les yeux fixés sur elle, cherchaient vainement à deviner ce qui la faisait rougir et sourire à la fois.

Si Mathilde avait prévu la visite du maréchal, elle ne se serait point exposée aux remarques embarrassantes que lui fournissait la présence de M. de Varèze ; mais ce fut bien pis lorsque madame de Méran vint y joindre les siennes.

— Ah ! voilà donc pourquoi, dit-elle en entrant, nous ne vous avons point vue ? Vraiment, j’étais bien bonne de m’inquiéter de cette migraine qui nous a privés du plaisir de vous avoir à dîner ! Je la croyais si douloureuse que, pour en savoir plus tôt des nouvelles, j’ai quitté le ballet à moitié ; ces messieurs peuvent l’attester, ajouta-t-elle en montrant son mari et M. de Sétival.