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M. de Lormier, regrettant d’avoir plongé madame d’Ostange dans une si vive inquiétude, s’était offert pour la conduire chez la duchesse de Lisieux. Peu lui importait que la soirée destinée à la tante fût consacrée à la nièce ; l’essentiel était qu’elle se passât, comme il l’avait projeté, à apprendre quelques nouvelles, et à les commenter.

Mathilde désespérait de calmer les craintes de la baronne, qui s’obstinait à interpréter le trouble de sa nièce d’une manière sinistre. Mais Isidore arriva, et les reproches qu’il adressa à la duchesse prouvèrent assez la conciliation qui le désespérait. C’était, l’humilier, disait-il, que de rendre à M. de Marigny une confiance dont il ne se sentait pas digne ; car, si Léontine ne lui avait pas paru fort séduisante jusqu’alors, l’idée de se battre pour elle venait de la parer tout à coup de tant de charmes, qu’il était décidé à l’adorer. Il s’étendait sur ce sujet avec une complaisance ridicule, lorsqu’on annonça le comte de Varèze et le colonel Andermont. Heureusement pour Mathilde, madame d’Ostange se récria sur le plaisir inattendu de voir sa dernière passion : c’était ainsi qu’elle appelait Albéric ; et elle fit tant de frais pour lui, qu’on ne s’aperçut pas que la duchesse s’était contentée de le saluer sans lui adresser une seule parole ; lui-même n’avait dit que quelques mots de politesse, qui, articulés faiblement, avaient semblé à peine être écoutés ; et il avait été se placer auprès de la baronne.