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Et mademoiselle Rosalie se promit tout bas de chercher à savoir pour quelle visite sa maîtresse se parait ainsi.

Le moindre événement qui dérange l’ordre établi dans une maison excite la curiosité des domestiques, et il est rare qu’ils n’en devinent pas la cause. Madame de Lisieux, n’ayant point dîné ce jour-là, venait d’ordonner qu’on lui servît à souper à minuit. Cela seul démontrait quelque chose d’extraordinaire, et les moins curieux étaient en observation.

La première personne qui se fit annoncer causa quelque trouble à Mathilde. C’était sa vieille tante la baronne d’Ostange. Le bruit du défi de M. de Marigny au jeune d’Erneville venait de lui parvenir. Ce dernier, sous prétexte de chercher deux témoins, avait confié l’affaire à tous ses amis, et déjà l’on en parlait dans Paris comme d’une chose certaine. Madame d’Ostange avait vu naître Isidore, et tout en blâmant sa suffisance elle lui portait l’attachement qu’on a pour l’ami d’enfance d’un fils qu’on a perdu ; c’en était assez pour s’intéresser vivement à la nouvelle qui se répandait, et elle vint demander à sa nièce ce qu’il en fallait croire.

Madame de Lisieux lui raconta comment, M. de Marigny ayant reconnu son erreur, l’affaire était arrangée à la satisfaction de tout le monde, excepté d’Isidore, qui était inconsolable de ne pas se battre ; mais elle se garda bien de dire la part que M. Andermont et