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— J’en serais désolée vraiment ! Et ce pauvre M. de Marigny ?

— Ah ! madame, ne lui suffit-il pas d’emporter vos regrets ?

À ces mots le colonel sortit, en se promettant bien d’accompagner M. de Varèze dans sa visite.

À peine la duchesse fut-elle livrée à elle-même qu’elle se reprocha d’avoir consenti cette visite, donc elle cherchait vainement à deviner le motif. Mais elle ne pouvait plus se rétracter, et elle s’efforça de penser à autre chose. Cependant l’idée lui en revint plusieurs fois en faisant sa toilette ; cette affaire qui devait avoir lieu le lendemain lui inspirait une tristesse qu’elle avait peine à surmonter, et pourtant M. de Marigny et M. de Varèze n’étaient point de ses amis ; elle reprochait à Maurice de ne lui avoir pas fait mystère de ce duel, sans penser qu’il n’avait guère d’autre moyen de la tranquilliser sur ce qui regardait le jeune d’Erneville ; enfin elle était dans une agitation dont elle ne se rendait pas compte, et que mademoiselle Rosalie ne tarda pas à remarquer.

— Si madame la duchesse est trop souffrante pour sortir, dit-elle, je vais lui apprêter une robe négligée ?

— Non, reprit Mathilde, je mettrai celle que vous aviez préparée.

— Ah ! je ne savais pas que madame attendît du monde.

— Du monde ! répéta la duchesse avec impatience, qui vous dit cela ? tout au plus quelques visites.