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se félicita en secret de pouvoir cacher sous un ressentiment légitime une crainte trop flatteuse pour lui.



IV


Il était déjà plus de six heures, et la duchesse de Lisieux n’avait aucune nouvelle de M. Andermont. Il n’aura point trouvé M. de Marigny, pensa-t-elle, et s’il ne peut le voir avant demain matin, une fois au rendez-vous, l’explication deviendra plus difficile : Isidore, enchanté de faire parler de lui, ne voudra entendre à rien, et l’on m’accusera de n’avoir pas mis assez de zèle à prévenir ce malheur. Tourmentée par ces réflexions, madame de Lisieux avait non-seulement renoncé à accepter le dîner de madame de Méran chez qui elle était attendue, mais elle avait fait desservir le sien, ne pouvant se décider à se mettre à table avant d’être rassurée sur ce qui l’inquiétait.

Enfin, on lui annonce le colonel Andermont ; il lit dans les yeux de Mathilde l’impatience qu’elle éprouve, et sans attendre ses questions :

— Tout est arrangé selon vos vœux, madame, dit-il, M. de Marigny sera satisfait sans que M. d’Erneville soit obligé de se battre. Je les quitte à l’instant tous deux. Ma parole a suffi pour convaincre M. de