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s’amuse à donner à son fils une éducation dont le premier bienfait est de lui montrer tous les ridicules de son père, en lui apprenant à les éviter. Mais c’est la manie de tous les parvenus.

— Vous oubliez, mon frère que cette manière de parvenir par les armes est celle de toute la noblesse française, depuis les Montmorency jusqu’aux…

— Je n’en disconviens pas, interrompit M. d’Erneville ; mais il faut que le temps ait mûri tous ces titres, et vous n’empêcherez pas qu’on n’en fasse encore une très-grande différence avec ceux… Enfin ne parlons pas de cela, vous avez été nourrie dans des principes différents des nôtres, et nous avons chacun nos raisons pour les défendre. N’importe, puisque le hasard veut que je me trouve en ce moment l’obligé du jeune Andermont, je me conduirai en conséquence ; et lorsque je rencontrerai son père à la chambre, il n’aura pas à se plaindre de moi. S’il y avait même quelque occasion de le servir à la cour, je m’y emploierais de tout cœur, vous pouvez l’en prévenir : cela suffit, j’espère, pour m’acquitter ?

— C’est plus qu’il n’en exigera, soyez tranquille, reprit la duchesse avec une dignité qui repoussait toute protection humiliante pour le général et son fils.

— Mais, ajouta le marquis, croyez-vous à ce jeune homme assez de crédit sur M. de Marigny pour lui faire entendre raison ? J’ai peur qu’il ne le traite