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long-temps sans demander son nom : à en juger par son ton, son air distingué, cela ne peut être qu’un homme fort bien né.

— Il est vrai, c’est le fils d’un pair de France.

— Je m’en étais douté : il a cette distinction dont on hérite, mais qu’on n’imite jamais.

— J’étais certaine que vous seriez frappé de l’élégance de ses manières ; convenez que nous en voudrions de pareilles à tous nos amis.

— Assurément, et elles me donnent bonne idée du père qui l’a élevé.

— Eh bien, son père c’est le général Andermont.

— Quoi ! ce fermier soldat, qui, de bataille en bataille, s’est réveillé un beau matin lieutenant-général ?

— Oui, ce fermier soldat, qui a conquis tous ses grades à la pointe de son épée, ce général dont la bravoure et le noble caractère ont été récompensés par la première dignité de l’État, est père de cet aimable Maurice, qui vous rend peut-être à cette heure un service important.

— Vous m’étonnez, dit le marquis ; je connais le général pour un brave militaire, mais à qui la révolution n’a pas nui, convenez-en ; la différence de nos opinions, celle de notre naissance, m’ont toujours tenu assez éloigné de lui pour n’avoir pas à souffrir de ses manières, que je suppose fort communes ; et je ne comprends pas comment un homme de cette classe