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où M. de Marigny a demandé mademoiselle d’Herbas en mariage. Je ne le connaissais point avant, et j’ai tout lieu de présumer qu’il me croit dans la confidence de l’injure qu’on lui préparait. Cependant j’offre de lui écrire à l’instant même tout ce qui peut justifier Isidore dans son esprit, excepté pourtant ce qui dénoncerait M. de Varèze ; car je ne vois pas la nécessité de livrer une autre victime à la fureur de M. de Marigny, ajouta Mathilde en baissant la voix.

Victime ! répéta le jeune Andermont, ah ! madame, c’est aussi trop préjuger de M. de Marigny que de le croire invincible. Je n’ai pas si grande idée de lui ; malgré mon amitié pour M. de Varèze, je le verrais sans frémir aux prises avec ce fier champion, et vous pouvez, sans scrupule, le livrer à son ressentiment. Croyez même qu’Alberic ne vous pardonnerait pas de lui en ravir sa part, et qu’il serait inconsolable d’apprendre que M. d’Erneville le remplace dans cette occasion.

— Je pense comme monsieur, dit vivement M. d’Erneville, saisissant avec joie ce moyen de soustraire son fils à un danger inutile. Si les suppositions de M. de Marigny avaient quelque fondement, je serais le premier à engager mon fils à le satisfaire, car dans ma famille on sait comment se terminent, entre gens comme il faut les débats de ce genre ; mais ma belle-sœur peut mieux que personne attester que son cousin n’a jamais été amoureux de mademoiselle d’Her-