Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Les explications qui dispensent de se battre ne sont pas de mon goût ; et puis j’ai toujours entendu dire que pour entrer dans le monde d’une manière brillante, il fallait qu’un jeune homme eût une affaire d’honneur, et je ne saurais trouver une plus favorable occasion de me faire connaître. M. de Marigny est un bon gentilhomme, il a servi autrefois, il est répandu dans la meilleure compagnie, toutes les convenances s’y trouvent.

— Mais vous ne pensez pas au tort que cela peut faire à la réputation de mademoiselle d’Herbas.

— Vous conviendrez, mon père, que je serais bien dupe de m’en inquiéter plus qu’elle ne le fait elle-même en rompant ainsi son mariage.

— Mais si vous n’êtes pour rien dans ce ridicule procédé, vous en savez du moins la cause ; elle ne l’aura point cachée à son cher frère, dit M. d’Erneville en appuyant avec affectation sur le titre de frère.

— Sans doute, je la sais, reprit Isidore, ce n’est plus un mystère que pour M. de Marigny : mais ce n’est certes pas de moi qu’il l’apprendra.

Alors il instruisit son père du misérable sujet qui avait amené la rétractation de Léontine. M. d’Erneville se répandit en injures contre l’exécrable manie de M. de Varèze, et finit par conclure que c’était à lui à en porter la peine.

Mais, sans se laisser persuader par tout ce que son père dit pour le déterminer à s’expliquer avant d’ac-