Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Mais, mon père, je vous jure que je n’ai jamais parlé d’amour à Léontine, disait Isidore.

Mais son père s’obstinait dans sa pensée.

— J’avais bien prévu, continua-t-il, que cette familiarité contractée dans l’enfance finirait comme cela. J’en ai cent fois parlé à votre mère, afin qu’elle y prît garde ; mais sa faiblesse pour vous ne lui permettait pas de vous contrarier. Ce n’était que de la fraternité, disait-elle. Jamais deux enfants élevés ensemble ne prenaient d’amour l’un pour l’autre. D’ailleurs vous étiez trop bien né pour faire un choix sans consulter vos parents ; et vingt fadaises de cette espèce qui devaient avoir ce beau résultat.

— Encore une fois, mon père, s’écriait Isidore, je vous atteste sur l’honneur que Léontine n’a point d’amour pour moi, que je n’ai jamais tenté de lui en inspirer, et que mon attachement pour elle est celui d’un frère pour sa sœur.

— Si cela est vrai, d’où vient la colère de M. de Marigny ? demanda le marquis en se radoucissant.

— Probablement de quelque faux rapport, reprit Isidore ; mais fondée ou non, sa colère me provoque, et j’y répondrai comme je le dois, sauf à nous expliquer ensuite.

— Voilà un bel expédient ! Si vous êtes certain de prouver à M. de Marigny que vous êtes innocent de l’injure qu’on lui a faite, il n’est pas nécessaire de vous couper la gorge avec lui.