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— N’ai-je pas bien fait ? dit Albéric ; le voyage et l’espoir m’ont rétabli, et je défie en ce moment nulle souffrance de m’atteindre.

— J’avais le pressentiment de cette résurrection, dit madame de Varignan ; mais elle repoussait toute espérance, et je la voyais succomber à la douleur sans pouvoir y apporter la moindre consolation.

— Vraiment ? dit Albéric à Mathilde avec cette joie barbare qu’inspire à l’amour la souffrance qu’il cause.

— Non, je ne me pardonnerai jamais, s’écria Maurice, de vous avoir donné une inquiétude que je pouvais vous éviter ; quand je vois cette pâleur, cette altération…

— Que dis-tu ? interrompit Albéric, elle n’a jamais été plus belle.

— Vous m’aimez donc dit Mathilde en levant sur Albéric des yeux que la joie remplissait de larmes. Ceux qui prétendent que votre cœur est incapable d’un sentiment…

— Ne nous connaissent ni l’un ni l’autre, interrompit Albéric de l’accent le plus pénétrant. Ah ! croyez-moi, je vous aime plus que je ne mérite.

— J’ai besoin de le croire, dit Mathilde, pour oublier tout ce que j’ai souffert.

— C’est votre faute aussi, reprit-il en souriant, pourquoi vous amuser à tourner la tête d’un homme déjà fort peu raisonnable, et qui a autant de défauts