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En disant ces mots, l’aubergiste sortit, et laissa les voyageurs convaincus du gain de leur cause.

C’était bien connaître le génie de Comtois ; il ne s’aperçut pas plus tôt que le maître de poste cherchait une raison pour se laisser forcer la main, qu’il lui dit sous le secret que ses maîtres étaient chargés d’une mission importante, et que s’il retardait leur marche l’administration lui en ferait sans doute de graves reproches. Enfin il fit si bien, que le maître de poste, se voyant destitué s’il résistait plus longtemps, donna l’ordre d’atteler les chevaux à la calèche de ces messieurs. Seulement, comme il se flattait que les voyageuses pourraient ignorer sa fraude, il recommanda aux postillons de ne pas faire de bruit.

Pendant ce temps, madame de Varignan se vantait à Mathilde de sa fermeté à résister aux prières de l’aubergiste, et même aux instances silencieuses des deux voyageurs, dont les regards n’étaient pas moins suppliants. Mais ce triomphe devait être inutile ; les heures s’écoulaient, et l’on n’avertissait point que la voiture fût prête. Mathilde succombait à son impatience ; enfin, soupçonnant quelque chose de la vérité, madame de Varignan fait appeler une servante de l’auberge, et lui demande si les étrangers arrivés après elles sont encore là.

— Ah ! vraiment, il y a plus d’une heure qu’ils sont partis, répond-elle.

— Comment partis ! mais il est donc arrivé des chevaux ?