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côté de madame de Varignan, pour voir si les prières de l’aubergiste obtenaient quelque succès près d’elle ; mais ils le virent bientôt revenir vers eux d’un air à leur ôter toute espérance.

— Quelle opiniâtreté ! s’écria l’un d’eux, pendant que l’autre donnait les signes de la plus vive impatience. Quoi ! rien ne peut la déterminer à un acte de complaisance qui ne saurait lui nuire, puisqu’elles ne peuvent se mettre en route sans leur voiture. Il y a dans ce procédé quelque chose de révoltant, et je voudrais savoir ce qui rend ces dames si inflexibles. Les connaissez-vous ?

— Pas précisément, répondit l’aubergiste. Je sais qu’elles sont de Genève, toutes deux sœurs d’un riche négociant ; elles ont un bel équipage, et sont pressées d’arriver à Grenoble, car elles paient les postillons en conséquence ; je crois qu’elles vont recueillir une succession, l’une d’elles est en deuil et pleure toujours.

— Si vous leur disiez que je suis porteur de dépêches du gouvernement, et que l’ordre du service vous oblige à me fournir des chevaux avant tous les autres voyageurs ?

— Laisse arranger cette affaire à Comtois, dit l’ami, qui n’avait pas encore pris la parole. Il mènera tout ceci mieux que nous.

— Au fait, répliqua l’aubergiste en ayant l’air de capituler avec sa conscience, si vous avez des ordres… mon devoir est… Je vais consulter là-dessus nos ordonnances, et nous verrons ce que je dois faire.