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vous voulez écouter notre maître, il vous expliquera

— Je vais lui parler moi-même, interrompit madame de Varignan.

Et elle suivit la servante dans la salle à côté, où le maître de poste attendait sa réponse.

En voyant entrer madame de Varignan, les deux étrangers se levèrent pour la saluer ; mais ils se retirèrent dans un coin de la salle, par discrétion, pour ne pas entendre ce que lui disait l’aubergiste, dont l’éloquence s’épuisait en belles phrases pour lui persuader de céder ses chevaux aux voyageurs qui venaient d’arriver.

— Vous n’éprouverez aucun retard de cette complaisance, ajouta-t-il, car je viens d’envoyer à la forge, et l’essieu ne sera pas prêt d’une heure ; pendant ce temps nous aurons dix chevaux de retour, et ces dames n’attendront pas une minute.

— Cela est possible, répondit madame de Varignan ; mais comme j’espère que les ouvriers auront fini le raccommodage plus tôt que vous ne le dites, je ne veux pas m’exposer à perdre un seul instant. Vos chevaux seront payés de leur repos comme s’ils étaient employés. Mettez-y le prix que vous voudrez, mais tenez-les toujours là prêts à nous conduire.

Malgré cette réponse positive, le maître de poste insista de nouveau, comme pour prouver son zèle aux étrangers, dont il était l’ambassadeur en cette circonstance. Ceux-ci jetaient de temps à autre un regard du