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l’ai perdu par ma faute, ah ! j’ai mérité tout ce que je souffre !…

Et Mathilde, s’abandonnant ainsi à l’excès d’une douleur qui dépassait ses forces, fut saisie d’un spasme violent que tous les soins de madame de Varignan eurent bien de la peine à calmer.

Enfin, trouvant dans son inquiétude l’autorité nécessaire pour se faire obéir, madame de Varignan exige de Mathilde de prendre un instant de repos. Mademoiselle Rosalie est chargée de faire préparer une chambre à côté de la salle commune aux étrangers, et dans laquelle le couvert de madame de Varignan est mis. On apporte à madame de Lisieux, dans son gobelet de vermeil, un peu de lait mêlé de fleur d’orange ; son amie la conjure de le boire, au nom de celui de qui vient ce souvenir ; elle obtient à ce nom tout ce qu’elle désire, et Mathilde promet de se mettre au lit jusqu’au moment où l’on viendra l’avertir que l’essieu est raccommodé.

En cet instant un grand bruit se fait entendre dans l’auberge, le claquement des fouets des postillons annonce une voiture : ce sont des voyageurs qui arrivent. Leur courrier demande des chevaux à grands cris ; l’aubergiste, qui est en même temps le maître de poste, répond qu’il n’y en a pas, mais que plusieurs de ceux qui ont conduit des voyageurs à Chambéry seront avant peu de retour, et qu’après une heure de repos on pourra les atteler.