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lui remettront en ramenant ma voiture. Il est auprès de mes enfants, dont la santé ne me cause plus d’inquiétude ; je lui ai dit qu’une affaire importante vous obligeant de vous rendre sans délai à Marseille, je prenais quinze jours pour vous accompagner dans ce voyage et je suis sûre qu’il ne me blâmera pas.

— Excellente amie ! dit Mathilde, à quel triste devoir vous consacrez-vous ? Savez-vous ce qui m’attend, et si les secours mêmes d’une telle amitié suffiront pour soutenir mon courage ?

— Je saurai ce qui vous arrive, et je serai là pour pleurer avec vous. Cela est bien préférable au tourment de vous croire seule livrée à tous les genres de dangers et de supplices. Et puis, si tout à coup un événement heureux venaient payer les affreux moments qui nous restent encore à passer, n’est-il pas juste que j’aie ma part dans votre bonheur ?

À de si douces consolations, Mathilde répondait par des larmes, mais celles-là coulaient moins amères sur le sein d’une amie ; et le soin que prenait madame de Varignan de forcer Mathilde à exhaler sa peine l’empêchait d’y succomber.

Ne s’arrêtant que pour changer de chevaux, la fatigue, autant que le chagrin, accablait Mathilde ; et l’oppression continuelle qui l’empêchait de prendre aucune nourriture la réduisait à un état de faiblesse alarmant. En vain on lui représentait qu’en prenant si peu de soin de sa santé, elle arriverait mourante à