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de madame de Méran, et il se contenta de saluer respectueusement madame de Lisieux lorsqu’il la vit à la sortie du spectacle ; après toutefois l’avoir convaincue que les gens les plus distingués ne partageaient point sa rigueur envers lui, car il prenait les cajoleries de la crainte pour des preuves de bienveillance, et répondait à chacun avec grâce, en parcourant lentement le vestibule avant d’arriver à la femme chez laquelle il devait finir la soirée. Mais ce plaisir ne l’amusa que jusqu’au moment où l’on vint avertir la duchesse de Lisieux que sa voiture l’attendait, et il se retira mécontent d’avoir fait tant de frais pour déplaire à la seule personne dont il ambitionnât l’estime.



III


Cependant M. de Marigny, se doutant bien que l’humiliation qu’il venait de recevoir était l’objet de la risée de tout Paris, formait le dessein d’en tirer une éclatante vengeance ; mais la difficulté était de trouver quelqu’un sur qui la faire tomber. Mademoiselle d’Herbas n’avait point de frère, et son père n’était plus dans l’âge où l’on se mesure avec égalité dans une affaire semblable. Pour sortir d’embarras il eut l’idée de s’en prendre au jeune d’Ernevillle, qui, par suite de l’an-