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elle témoigna un si vif désir d’acheter la maison qui était auprès de celle de M. de Varignan, que ce dernier partit d’avance pour en faire l’acquisition au nom de madame de Lisieux.

On ne cache bien ses peines qu’aux yeux indifférents, et l’affection que Mathilde inspirait à madame de Varignan éclaira bientôt celle-ci sur la nature du chagrin qu’on lui dissimulait. Avec un caractère exempt de tous les défauts qui causent de secrets tourments, Mathilde ne pouvait souffrir que d’un amour désespéré ; madame de Varignan n’en doutait pas, et cent fois elle s’était vue prête à lui dire : « Je sais votre secret, ne vous refusez pas le plaisir d’en parler avec moi », mais la crainte de paraître indiscrète l’avait retenue, et son ingénieuse bonté s’en dédommageait en cherchant tout ce qui pouvait apporter quelque soulagement à la tristesse de Mathilde : semblable à ces sœurs charitables qui soignent les maladies sans en demander le nom, elle les imitait encore dans le récit qu’elles font ordinairement des douleurs analogues à celles qui accablent le malade, seule distraction qui ne manque jamais son effet sur les êtres souffrants.