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résolution ; il fallait toute la force du sentiment amer qui flétrissait son cœur pour lui donner le courage de résister aux pleurs de Thérésia, de cette charmante enfant dont le bonheur à venir était l’unique espoir de Mathilde. Mais ce bonheur, comme tous les autres, avait besoin d’illusion ; il fallait laisser ignorer à ce jeune cœur que la légèreté, la trahison paient trop souvent l’amour le plus dévoué, et Mathilde se consolait du départ de Thérésia en pensant qu’elle n’aurait plus la crainte de lui voir deviner la cause de ses larmes.

À cette époque, on ne pouvait faire un pas en Suisse sans entendre parler du généreux dévouement d’un riche Genevois à la cause des Grecs ; ce fanatisme pour une vieille gloire, cet enthousiasme pour de nobles opprimés, cette infatigable charité dont chaque revers amenait une nouvelle preuve, attiraient au protecteur millionnaire l’estime et l’admiration de tous les gens de bien ; dans leur reconnaissance des secours qu’ils en recevaient, les chefs de la Grèce le tenaient au courant des moindre événements qui s’y passaient ; et c’est à lui qu’on s’adressait de tous les points de l’Europe, pour faire parvenir ses dons aux victimes d’une si longue tyrannie.

Mathilde espéra savoir par lui quelques détails sur Albéric, et elle pressa madame de Varignan de retourner à Genève, sans lui faire l’aveu du véritable motif qui la déterminait à ne pas séjourner à Berne ; enfin,