Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

priver, si ce souvenir ne devait point passer dans les mains d’une amie de M. de Varèze, et s’il ne devait être encore plus précieux pour elle que pour vous.

— Quoi ! c’est, dites-vous, pour une femme qui l’aime ? demande Philippe en fixant ses regards sur le visage de Mathilde.

— Oui, répondit-elle à voix basse, et le front couvert d’une rougeur subite.

— Ah ! si j’étais sûr de faire de la peine à ce brave jeune homme… en refusant d’obéir à la volonté de sa…

— Je vous promets qu’il sera reconnaissant de ce sacrifice s’il vient à le savoir, interrompit vivement Mathilde, craignant d’entendre le mot que Philippe allait sans doute articuler.

— Vous me l’affirmez ? répliqua-t-il d’un air fin.

Oui, je vous l’affirme, sur ce que j’ai de plus cher au monde.

— Eh bien, s’il doit en être content et vous aussi, dit Philippe en poussant un soupir, interprète de son vif regret, prenez-la, madame, mais dites bien à celui qui me l’a donnée que je ne pouvais m’en dessaisir que pour la personne qui fera son bonheur.

— Ah ! ne craignez point ses reproches, dit Mathilde en détachant la montre qu’elle portait, et si vous le revoyez avant moi, montrez-lui ce chiffre, il suffira pour vous justifier.

Le soldat, ému de reconnaissance, baisa la main qui