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XXXIII


C’était sur la cime d’un mont glacé, entourée d’une nature morte, dans un lieu inhabitable pour ceux que la religion et pour ainsi dire le fanatisme de la charité n’animent pas d’un zèle héroïque ; c’était dans le séjour le plus étranger aux intérêts du monde où vivait Mathilde, qu’elle venait de trouver les secours les plus efficaces contre les atteintes de ce monde méchant.

Dans son désir de s’acquitter d’un si grand bienfait, elle s’engagea à envoyer bientôt à l’hospice un souvenir qui rivaliserait avec le tableau donné par M. de Varèze ; et, ne pouvant l’imiter dans son courageux dévouement, elle voulut au moins lui ressembler dans sa pitié généreuse : elle déposa une bourse pleine d’or entre les mains du religieux, en le priant d’en faire don à la plus pauvre famille de la vallée de Lidde.

Les bénédictions des bons pères, les remercîments des gens de l’hospice, et jusqu’aux caresses des chiens libérateurs, signalèrent le départ de Mathilde et de Thérésia. Le brave soldat, voyant les guides qui les avaient amenées se disposer à les accompagner, se tenait à l’écart, se jugeant inutile ; mais dès que la duchesse l’aperçut, elle alla prendre son bras pour qu’il la soutînt dans le sentier de neige qui con-