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— L’été ; c’est un plaisir ; nous réchauffons chaque soir ici les voyageurs de tous les pays, et ces registres vous prouverons qu’il n’est guère de personnages illustres qui ne nous aient rendu visite.

En disant ces mots, il présenta à Mathilde deux livres où se trouvaient inscrits les noms de tous ceux qui étaient venus à l’hospice depuis deux ans. Thérésia prit celui qui était ouvert à la date du jour, et Mathilde ouvrit celui de l’année précédente.

Après avoir trouvé plusieurs noms de sa connaissance et lu les réflexions de chacun sur les montagnes ou l’hospitalité, elle s’arrêta sur cette citation :

« Ce n’était donc pas assez d’avoir mille fois exposé sa vie pour sauver des hommes, et de s’être établi pour jamais au fond des plus affreuses solitudes. Il fallait encore que les animaux mêmes apprissent à devenir l’instrument de ces œuvres sublimes, qu’ils s’embrasassent, pour ainsi dire, de l’ardente charité de leurs maîtres, et que leurs cris sur le sommet des Alpes proclamassent aux échos les miracles de notre religion[1]. »

Après ces lignes, tracées par une main bien connue de Mathilde, on lisait en peu de mots : a Que dirais-je de mieux ? » et plus bas le nom du comte de Varèze.

— Il est venu ici ! s’écria madame de Lisieux, oubliant qu’elle n’était point seule.

  1. Chateaubriand, Génie du Christianisme.