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qu’il y avait une cause romanesque à ce dégoût du monde, et chacun l’imagina en raison du plus ou moins de dépit que lui inspirait l’éloignement dédaigneux de Mathilde. Heureusement pour elle, il n’y avait aux eaux personne de sa famille, et aucun de ces amis officieux qui se font un plaisir de vous raconter, en les déplorant, tous les propos qui se tiennent contre vous ; et rien ne vint troubler le calme de sa tristesse.

Une seule fois, madame de Varignan, cette aimable Génevoise qui demeurait au-dessus de l’appartement de madame de Lisieux, lui dit qu’elle venait de recevoir des nouvelles d’Italie ; qu’on s’y amusait beaucoup, qu’il y avait deux théâtres de société à Florence, un chez lady N…, où l’on jouait jusqu’au mélodrame à grand spectacle ; l’autre chez l’ambassadrice d’Autriche, dont la voix enchanteresse rivalisait avec celle des meilleures cantatrices de l’Italie. On citait plusieurs des Françaises qui assistaient à cette représentation, entre autres la jolie vicomtesse de M…, la belle duchesse de V…, noble débris des beautés de l’empire, et enfin la piquante marquise de Cérolle.

À ce nom, Mathilde croit qu’elle se trompe, et elle le fait répéter.

— Cela vous étonne, dit madame de Varignan, vous ne savez donc pas la dernière histoire de madame de Cérolle ?

Mathilde ne répondit point.

— Elle est partie un beau matin de Paris avec un