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comprendre le cœur le plus tendre, l’esprit le plus distingué : je me trompe fort, ou le désir de vous plaire en fera une femme charmante. Et puis, elle est destinée à vivre près de moi, à me consoler de mes ennuis ; c’est mon enfant, ma sœur : cela ne vous donne-t-il pas envie de partager son sort ?

— Ah ! pour m’accabler d’un si grand bienfait, attendez au moins que j’en sois digne !

— Oui, j’attendrai ; je ne vous reparlerai de ce projet qu’à l’époque où vous serez aussi heureux que nous de le voir se réaliser. D’ici là, j’en ferai mon plus doux intérêt, l’occupation de ma journée, et je vous devrai par là de ne pas succomber à ma tristesse.

— Vous pouvez tout exiger de moi, tout, excepté ce que le désespoir n’a pu faire : ainsi, disposez de ma vie, mais pour ce cœur, ajouta Maurice en portant la main sur son sein, sachez bien qu’il ne battra jamais pour une autre.

À ces mots, le colonel, sortit précipitamment dans la crainte d’ajouter à l’aveu qu’il se reprochait, la faiblesse de montrer l’excès de ses regrets.

Le souvenir que Mathilde conserva de cet entretien fut, pendant son voyage, le sujet d’une douce rêverie ; car la pensée du bien qu’on peut faire est une consolation assurée à toutes les âmes nobles.