Page:Nichault - Le Moqueur amoureux.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

désire, et cette cruelle faculté de s’attrister des consolations autant que de la peine.

Le maréchal de Lovano avait proposé au colonel Andermont de l’accompagner, et Mathilde lui avait témoigné combien il lui serait doux de recevoir les soins d’un ami tel que lui, le seul qui connût et plaignît ses chagrins ; mais il s’était excusé près du maréchal en prétextant le devoir impérieux qui l’obligeait à profiter de ce congé pour aller dans une terre que son père habitait en Normandie.

— Est-il bien vrai, dit Mathilde, que vous ne puissiez remettre à un autre temps cette visite à votre père ? Je suis certaine que le maréchal vous accorderait sans peine un mois de plus pour satisfaire à ce devoir.

— Je le crois aussi, répondit-il avec un embarras visible ; mais il vaut mieux que je ne vous suive pas, ajouta Maurice de manière à n’être entendu que de madame de Lisieux.

— Dis-lui donc que c’est très-mal à lui de nous abandonner sans aucun motif raisonnable, reprit Mathilde en s’adressant à Thérésia qui dessinait près d’une fenêtre du salon.

— Vraiment, ce n’est pas moi qui obtiendrai ce que monsieur vous refuse, répondit-elle d’un ton piqué. Il a déjà fait tant de voyages intéressants, que celui-là ne le tente pas beaucoup.

— Ah ! jamais je n’en aurais fait de plus agréable,