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ont eu recours à la calomnie pour en tirer vengeance. Ils ont affirmé avoir entendu sortir de sa bouche de ces mots pour lesquels on allait autrefois coucher à la Bastille ; ils lui ont prêté tous les torts qu’on pardonne le moins, et malheureusement son défaut habituel a donné une grande autorité à ces infâmes accusations. Eh bien, madame, comme elles sont fausses, vous les verrez bientôt reconnues comme telles, et vous pouvez m’en croire, si Albéric n’avait pas eu la folie d’abandonner sa cause, il aurait déjà gagnée ; mais ce misérable départ lui enlève tout moyen de se justifier… Il l’assassine. Ah ! pourquoi l’ai-je quitté assez de temps pour qu’il pût l’accomplir ! Je me le reprocherai toute ma vie…

— Ne le regrettez pas, répondit Mathilde en essuyant ses larmes ; puisque cette femme devait le suivre, il vaut mieux que je ne le revoie plus.

Et l’effort que se faisait Mathilde, en prenant cette résolution, semblait épuiser son courage.

— Ah ! par grâce, attendez encore pour le condamner au désespoir, dit Maurice d’un ton suppliant. Je sens que tout l’accuse aujourd’hui ; moi-même je le trouve coupable ; mais s’il méritait le mépris qu’il vous inspire, croyez que je perdrais en même temps le zéle qui m’anime pour lui. Je ne saurais expliquer les faits qui parlent contre Albéric, et pourtant je répondrais qu’il est encore digne de votre confiance. Comment l’homme assez heureux pour vous causer tant de