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— Il vaut mieux qu’elle ne soit pas parvenue, dit elle. Je rends grâce au ciel de m’avoir épargné la honte d’en amuser madame de Cérolle.

— Ah ! pouvez-vous le penser ? s’écria Maurice.

— Oui, je peux tout attendre d’un homme dévoué à une semblable femme.

— Croyez qu’il ne l’estime ni ne l’aime, et qu’en se laissant entraîner par elle…

— Quoi ! vous voulez lui ôter toute excuse ? interrompit Mathilde. Quel serait donc le misérable sentiment qui le ferait partager le déshonneur dont elle se couvre, s’il ne l’aimait pas ? Qui le porterait à m’insulter ainsi, à vous tromper, vous dont l’estime lui est si nécessaire ; si l’empire que cette femme exerce sur son cœur n’était plus fort que toutes ses affections ? Sans doute, je crois qu’il a tenté de s’affranchir de ce joug qu’il méprise ; je crois qu’il a espéré un moment que son frivole attachement pour moi en triompherait ; mais il devait prévoir la lâcheté de son cœur, et ne pas se faire un jeu de troubler à jamais le mien. Qu’avait-il besoin de m’écrire, de me jurer tant d’amour, lorsqu’il donnait à une autre le droit de le suivre ; lorsqu’il acceptait une preuve de dévouement qui devait me faire rougir de lui en offrir une plus noble. Ah ! j’étais avertie du malheur que j’éprouve ! c’est contre, l’avis de tout ce qui s’intéresse à moi, c’est contre ma propre volonté que je me suis laissé conduire à cet excès de faiblesse ; les larmes m’oppressent,