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se serait privée de la consolation de voir Maurice, car il n’y avait pas moyen de n’être visible que pour lui.

Heureusement il arriva le premier, et Mathilde eut le temps de lui confier ce qu’elle avait souffert en apprenant le départ de madame de Cérolle. Maurice affirma qu’Albéric n’était point complice de cette dernière extravagance de madame de Cérolle, et qu’il en serait très-mécontent ; mais Mathilde ne vit dans ces assurances que le désir de calmer sa peine.

— Je vous fais pitié, disait-elle ; vous me plaignez d’avoir livré mon cœur à un sentiment si mal récompensé, et vous cherchez à tromper ma faiblesse en feignant plus de confiance en lui que vous n’en avez réellement. Eh bien, je veux vous croire : attendons le retour du courrier.

En cet instant, un valet de chambre de la duchesse vint avertir le colonel que quelqu’un désirait lui parler. Maurice sortit aussitôt, et il laissa Mathilde dans toute l’anxiété de la crainte et de l’espérance. Elle écoutait attentivement le moindre bruit ; enfin, elle distingue, dans le salon qui précède le cabinet où elle se tient, les pas de deux personnes et la voix du colonel : on ouvre, et elle aperçoit une lettre à la main du courrier qui accompagne Maurice. Elle se lève précipitamment pour la prendre ; mais elle s’arrête, comme frappée de la foudre, en reconnaissant son écriture et la lettre qui devait être remise à Albéric.

— Vous voyez, dit Maurice en montrant le bras que