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veillance des parents de Mathilde contre Albéric.

— Il serait si malheureux, ajouta Maurice, s’il était la cause d’une rupture avec votre famille, qu’il faut tout tenter pour éviter de sacrifier le bonheur de votre tante à celui d’Albéric.

En conséquence de ces sages conseils, madame de Lisieux cessa de défendre sa porte, et s’engagea même avec Maurice à dissimuler assez bien pour que personne ne pût deviner ce qui se passait entre Maurice et elle.

— Si vous les avertissez, disait-il, que vous aurez le courage d’être heureuse en dépit de leur volonté, ils s’armeront de toute leur ruse pour s’opposer à l’accomplissement de votre projet. Ayez la force de cacher votre inquiétude, et l’héroïsme bien plus difficile de ne pas laisser voir votre bonheur en pensant à celui qui attend Albéric. C’est le plus sûr moyen de vous le faire pardonner.

Mathilde répondit par tous les témoignages d’une amitié reconnaissante à ces avis dictés par un désintéressement sans exemple. Elle fit promettre à Maurice de la soutenir de sa présence et de sa raison contre les assauts que la curiosité malveillante allait lui livrer pendant le temps qui s’écoulerait avant le retour d’Albéric, car elle ne doutait pas que sa lettre ne le ramenât plus promptement encore qu’il n’était parti ; et elle sentait qu’alors elle trouverait, dans la joie de le revoir, la force de dédaigner l’opposition maligne qu’elle n’osait braver en ce moment.