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en oubliant qu’elle le trouvait le plus aimable des hommes avant qu’elle pensât à voir sa nièce devenir la plus grande dame de la cour.



XXV


Mathilde passa le reste de la journée dans l’agitation ou l’accablement, écoutant avec avidité tout ce qu’on venait lui raconter sur M. de Varèze, s’étudiant à paraître indifférente au récit qu’on lui faisait de sa querelle avec le duc de L…, et aux traits piquants qui avaient révolté tant de monde contre lui ; puis retombant ensuite dans la douleur de s’avouer qu’elle aimait un homme si coupable.

À tant de sentiments pénibles se mêlait une crainte nouvelle. Sa tante venait de lui révéler son impuissance à cacher sa faiblesse ; on la connaissait, elle allait devenir le sujet de toutes les conversations. Comment se soustraire aux soupçons, aux conjectures que la conduite d’Albéric faisait naître ? Comment rester neutre dans une affaire qui l’intéressait particulièrement ? Blâmer M. de Varèze lui paraissait une lâcheté quand il était si vivement atteint par une disgrâce éclatante ; le défendre lui semblait une imprudence qui confirmerait tous les soupçons. Dans cet embarras, Mathilde préféra éviter les regards curieux, que de s’appliquer