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qu’il se serait attiré cette disgrâce par quelques mots sur de grands personnages ? cela me semble impossible ; car, malgré son penchant pour la moquerie, personne mieux que lui n’a le sentiment des convenances, et il n’aurait osé…

— Je le crois comme vous, mais je connais des gens qu’il n’a point ménagés dans leurs ridicules, et qui sont bien capables d’avoir mis les noms les plus respectés à la place des leurs en faisant circuler ses épigrammes. On peut lui prêter bien des torts en ce genre sans craindre l’incrédulité ; et je suis certaine qu’il est puni fort injustement aujourd’hui, pour toutes les fois qu’il aurait dû l’être.

— Mais ne peut-il réclamer contre un arrêt si sévère ? Nos princes sont trop bons pour ne pas lui rendre justice, et même pour ne pas le gronder avec indulgence.

— C’est ce qu’il a espéré, et son premier mouvement, après avoir reçu la lettre du duc de…, a été de voler au château pour demander l’explication d’une telle rigueur ; mais on lui a dit qu’il était inutile de réclamer une audience qu’il n’obtiendrait pas ; et dans la colère où ce refus le plongeait, on affirme qu’il a fort aggravé ses torts. Je tiens ces détails du maréchal de Lovano, qui sort de chez moi.

— Et ne vous a-t-il rien dit de la véritable cause d’une si cruelle disgrâce, et qui n’a presque point d’exemple de la part de nos princesses ?