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présence lui causera, car, j’en suis certain, elle sait le ressentiment que j’éprouve ; elle l’a voulu ; mais elle en redoute les effets, et je veux au moins jouir de sa terreur.

— Promets-moi de surmonter ce ressentiment, dit Maurice d’un ton où l’autorité se faisait sentir à travers une inflexion suppliante ; laisse-moi te guider dans cette circonstance où mon amitié peut te servir mieux que ne ferait ta colère. Je t’accompagnerai ce soir si tu consens à m’obéir.

— Eh bien, soit, tu dirigeras ma conduite, tu m’empêcheras de rien faire, de rien dire qui puisse trahir la rage qui me dévore ; je serai docile à tout ce que tu exigeras : c’est le moins que je doive à une amitié comme la tienne.

En finissant ces mots, Albéric laissa voir une émotion si vive que Maurice l’embrassa comme un frère ; et tous deux s’avouèrent au même instant qu’il n’était point de dépit, point de chagrin qui résistât à la douceur d’en parler avec son ami.



XXIV


Le lendemain du bal de la princesse, madame d’Ostange étonnée de ne pas voir Mathilde à l’heure où elle venait chaque jour demander de ses nouvelles, et crai-