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employa deux moyens bien usés, mais qui réussissent ordinairement mieux que tous les autres. Elle dit à Mathilde que le duc de L… était amoureux d’elle à en perdre la raison. Elle fit accroire à celui-ci que Mathilde était fort coquette pour lui ; ensuite, elle répandit dans le monde le bruit de leur prochain mariage ; et il résulta de tout ce manége que le duc se crut obligé de rendre des soins à madame de Lisieux, et qu’elle les reçut avec une sorte d’embarras que madame d’Ostange et ses amis prirent pour de l’amour. On les observa, on trouva qu’une union si bien assortie devait être probable, et en moins d’une semaine on parla de ce mariage comme d’une chose décidée.

— Eh bien, tu sais la nouvelle ! dit Albéric à Maurice. Cette veuve inconsolable…, cette femme que…

Et le tremblement de ses lèvres l’empêchait d’articuler toutes les injures que la colère lui inspirait.

— Oui, répondit Maurice, on dit qu’elle épouse le duc de L…

— Par qui le sais-tu ? demanda Albéric.

— Par le maréchal, à qui madame de Méran en a parlé ce matin même.

— Madame de Méran ! répéta Albéric ; ainsi l’on n’en saurait douter.

— Ah ! l’on pouvait s’attendre à la voir céder d’un moment à l’autre aux instances de sa famille, reprit Maurice d’un air accablé. Je suis certain que nul sentiment tendre n’a déterminé ce choix.