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Dans la joie d’apprendre un sentiment qui devait assurer à sa nièce la plus belle existence, madame d’Ostange ne douta pas que tant de séductions réunies ne l’emportassent bientôt sur une résolution qui n’avait jamais été vivement combattue ; et elle chargea M. de Lormier de conduire cette affaire de façon à en assurer le succès, lui promettant d’agir de son côté avec toute l’adresse nécessaire pour amener sa nièce à consentir.

Mais la baronne se rendait justice en comptant plus sur le crédit de sa franche amitié que sur ses moyens de ruse. Chaque fois qu’elle essayait de mettre la conversation sur le duc de L…, elle en faisait un éloge vrai, mais si mal amené, qu’il produisait un effet contraire à celui qu’elle en attendait, surtout lorsqu’elle y ajoutait que la femme qu’il choisirait serait la plus heureuse du monde. Désespérée du peu de progrès qu’elle faisait avec ses adroites insinuations, elle eut recours à madame de Méran pour la seconder dans une entreprise qui devait flatter au moins son orgueil de famille.

La vicomtesse, charmée de cette confidence, et prévoyant déjà tout ce qu’une alliance semblable offrirait d’avantage aux parents de Mathilde, se rendit garant de la docilité de sa cousine à accepter sans nulle résistance un parti qui était un objet d’ambition pour toutes les premières famille de la cour. Dans l’espoir d’arriver plus promptement à son but, madame de Méran